Touimi Benjelloun: Tentatives de comprendre les motivations derrière la décision du Parlement européen à l’encontre du Maroc
Traduit par: Soukaina Med LAHLOU
Mohamed Touimi Benjelloun est un député du parti Authenticité et Modernité (PAM) au Parlement marocain, membre de la Chambre parlementaire du groupe des Andins.
Je considère que le débat national interne communautaire, suivi du débat institutionnel qui a accompagné l’adoption de la résolution du Parlement européen concernant la situation des droits de l’homme au Maroc, revêt une importance capitale. En effet, l’interlocuteur officiel du Parlement européen est l’institution parlementaire marocaine, qui a pris les mesures nécessaires pour prouver concrètement le respect des droits de l’homme dans le royaume. Ce que ce rapport remet en cause, c’est la réputation du Maroc à l’échelle internationale, en mettant l’accent sur la destruction des acquis réalisés par le Maroc dans sa première cause, le Sahara marocain. Je pense qu’il est temps de diriger le débat vers d’autres niveaux, plutôt que de continuer à convaincre les Marocains de ce qu’ils sont déjà convaincus.
Il y a plusieurs approches politiques à l’origine de la résolution du Parlement européen, notamment la nécessité urgente de certains pays européens en gaz en tant que ressource vitale dans la vie quotidienne des citoyens européens, et ces pays font tout leur possible pour le fournir. Cela concerne particulièrement l’Europe à l’approche des élections locales. Ainsi, les contextes politiques internationaux ont placé l’Algérie dans une position de force par rapport à plusieurs pays européens souhaitant acheter du gaz, et ce au moins jusqu’à la fin de cet hiver et après les répercussions de la guerre russo-ukrainienne. C’est ainsi que certains acteurs et analystes politiques perçoivent la situation internationale dans la région et son impact sur la situation au Maghreb. La conclusion est que la résolution du Parlement européen est le fruit d’un partenariat pragmatique et conjoncturel.
Cependant, la compréhension d’une telle décision, surtout lorsqu’elle condamne un pays considéré comme un partenaire avancé, nécessite certainement de rechercher des réponses claires à plusieurs questions pertinentes, telles que : qui bénéficie ou bénéficient de la condamnation du Maroc sur le plan des droits de l’homme ? Qui est derrière cette décision ? Et quelles sont les conséquences géopolitiques et les répercussions ?
Le point de départ pour comprendre les motivations de la résolution du Parlement européen est le Français Stéphane Séjourné, député européen et conseiller proche du président français Emmanuel Macron. Stéphane Séjourné, l’homme chargé par le président français de formuler la vision politique de son parti La République en marche (LREM), qui est devenu le parti Renaissance, à travers lequel Emmanuel Macron gouverne la France aujourd’hui.
Comment peut-on croire qu’un proche de la présidence française actuelle a pris des décisions unilatérales et a convaincu un certain nombre de députés européens représentant la France du groupe Renew Europe (RE), qui est l’ancien groupe des libéraux européens. Sans oublier l’influence considérable des députés européens du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que de plusieurs autres parlementaires européens, dont certains sont impliqués dans la promotion des intérêts du Polisario et l’utilisation de moyens légaux pour légitimer la position séparatiste du Polisario.
Il est également important de souligner que le président français Emmanuel Macron et les responsables de son parti, le parti Renaissance, sont conscients du poids géopolitique de la France dans la région du Maghreb. En fait, la France est la seule puissance étrangère à entretenir des relations géostratégiques avec les cinq pays de la région (le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie), à la fois dans le cadre de la politique bilatérale et dans le cadre de l’Union européenne, de l’Union pour la Méditerranée et du partenariat euro-méditerranéen. Par conséquent, il est normal que la France cherche à maintenir son poids dans la région, en particulier en période de troubles internationaux.
Il est clair que la résolution du Parlement européen est le fruit d’un partenariat politique conjoncturel entre des acteurs internationaux et des acteurs nationaux, et non d’un réel souci des droits de l’homme au Maroc. Ce n’est pas un secret pour tout le monde que certaines parties européennes cherchent à affaiblir le rôle du Maroc dans la région et à remettre en question sa politique de soutien aux droits de l’homme et à l’autonomie du Sahara marocain.