Après deux romans à succès, Abdelhak Najib sort son premier livre en tant que critique d’art. “Ce que m’ont dit les peintres…”, édité par Orion Editions, est une plongée dans les univers multiples de treize peintres majeurs au Maroc. Lecture.
Dans la préface de “Ce que m’ont dit les peintres…”, signée par le critique d’art et commissaire d’exposition, Mohamed Rachdi, nous avons déjà une idée sur l’approche de Abdelhak Najib dans cet ouvrage dédié à quelques grandes figures des Arts plastiques au Maroc: “Si ce livre n’est pas celui d’un spécialiste, Abdelhak Najib ne s’est toutefois pas aventuré dans l’écriture sans s’être armé de lectures adéquates. En effet, il est bien clair que chaque traitement d’un artiste passe d’abord par la réunion d’une documentation et la lecture d’une importante bibliographie avant de s’engager dans la rédaction. Par conséquent, sa réflexion et son écriture se retrouvent fécondées par ses diverses lectures. Ce qui fait apparaitre dans l’ouvrage de Abdelhak Najib un principe rédactionnel qui consiste à entrelacer et métisser en impliquant maintes citations sa propre écriture avec celles des autres auteurs et des propos d’artistes glanés ici et là dans des catalogues d’expositions ou à travers des conversations menées directement avec eux.”
En effet, “Ce que m’ont dit les peintres” est un voyage à travers les oeuvres picturales de 13 peintres majeurs du Maroc. Une analyse et une lecture de leurs univers multiples, à travers l’évolution de leurs travaux durant plus de 50 ans. De Farid Belkahia à Karim Marrakchi en passant par des figures comme Mohamed Kacimi, Aissa Ikken, Miloud Lebied, Saâd Hassani, Hossein Tallal, Bill West, Mahi Binebine, Omar Bouragba, Bouchta El Hayani, Abdelhay El Mellakh, El Houssaine Mimouni et d’autres grands noms qui ont écrit l’histoire de la peinture au Maroc. Pour Abdelhak Najib, c’est aussi un choix de traiter des travaux de tel ou tel peintre et de ne pas aborder d’autres artistes tout aussi importants au Maroc. Le procédé est simple. “Pour moi, il s’agit de parler des peintures qui me touchent, des peintres qui me parlent, des toiles qui me font réfléchir, qui appellent en moi ce besoin d’en parler, cet impératif d’écrire pour les accompagner et donner d’elles une vision, une approche, des points de vue.”
Abdelhak Najib parle de peintres qu’il a connus, dans leur vie de tous les jours, d’artistes qui ont été ses amis et qui ont disparu. On pense à Mohamed Kacimi, à Miloud Lebied, à Farid Belkahia et à Aissa Ikken avec lequel l’auteur travaillait déjà sur un livre entre péosie et peinture. Abdelhak Najib parle aussi d’autres figures telles que Saâd Hassani, Omar Bouragba, Bouchta El Hayani, Abdelhay Mellakh, Bill West, Mahi Binebine, Karim Marrakchi, El Houssaine Mimouni, Houcein Tallal qui sont aussi ses amis, avec qui il a d’autres partages, d’autres échanges sur leurs carrières, leurs évolutions, leurs différentes visions du monde. Bref, en connaissant les hommes, il a aussi eu des clefs de lecture pour leurs travaux, à différents degrés. “C’est ce que je tente de faire ressortir dans cet essai. Aborder la peinture à travers l’homme et inversement. Trouver dans la vie ce qui explique telle époque, telle variation sur le même thème, tel virage à 360 degrés. Puiser dans les jours ce qui a donné corps à toutes ces réflexions sur soi, sur nous, sur l’humain en nous, à travers les doutes, les questionnements, les hésitations, les essais, les expériences et les arrêts.”, précise Abdelhak Najib.
Le propos de l’auteur fait echo à celui de Mohamed Rachdi qui souligne que “ce n’est qu’à force de fréquenter les artistes étudiés, d’écouter attentivement leurs propos, de lire différents écrits sur eux, etc. que l’auteur forge sa sensibilité et affine son ressenti, aiguise sa pensée et libère son écriture. Une écriture suffisamment avisée donc pour conduire son lecteur dans les méandres de chacun des univers artistiques examinés.”. Ces différents textes qui se baladent d’un univers à l’autre sont tous soustendus par le même souci d’être au plus près de l’humain. L’auteur insiste sur des thémétiques comme l’érotisme, le désir, l’humain, le dépassement de soi, la résistance, le questionnement permament de notre propre existence pour créer un fil d’Ariane entre ces treize peintres traits dans cet ouvrage, bien documenté et qui s’appuie sur les analyses d’autres critqiues d’art qui ont travaillé sur les memes peintres.
Dans son post-scriptum, l’écrivain Mounir Serhani insiste sur le fait que “Le livre de Abdelhak Najib s’inscrit dans la tradition moderne du paragone qui désigne les interférences heureuses entre arts et lettres. La littérature s’invite dans l’enceinte des arts visuels et le texte se lit intimement grâce à l’image. Cet échange se concrétise dans les entretiens que Abdelhak Najib a entrepris avec ses amis peintres, ses alliés substantiels pour reprendre son expression de prédilection. A l’issue d’une telle conversation l’écrivain ne s’empêche pas dans des textes où la critique d’art se mêle à l’analyse littéraire et philosophique, de parler d’artistes qui l’ont touché et de nous dire ce qu’il en pense, ce qui l’a nourri. Loin du pragmatisme répugnant, Abdelhak Najib a fait le choix, nous dit-il, de « traiter des travaux de tel ou tel peintre et de ne pas aborder d’autres artistes tout aussi importants au Maroc. » Car il écrit par et pour le plaisir. Une raison toute simple qui se niche derrière cet immense projet esthétique. Ne vaut-il pas mieux accompagner une œuvre qui nous fait réfléchir que d’écrire sur commande, sans âme et surtout sans volonté.
“Ce que m’ont dit les peintres…” est le ptemier volume d’un triptyque dans lequel Abdelhak Najib traite de 40 artistes marocains, toutes générations confondues. On peut d’ores et déjà announcer que le tome 2 comporte des analyses des oeuvres de peintres comme Saâd Bencheffaj, Fouad Bellamine, Khadija Tnana, Abderrahim Iqbi et d’autres.
Accroche
« Il s’agit de parler des peintres qui me touchent, des peintres qui me parlent, des toiles qui me font réfléchir, qui appellent en moi ce besoin d’en parler (…) »
“Ce que m’ont dit les peintres…”. Editions Orion. 284 pages.