Le rôle de la radio communautaire éducative dans le développement de la citoyenneté et du pluralisme médiatique

 

Le rôle de la radio communautaire éducative dans le développement de la citoyenneté et du pluralisme médiatique.

 

  La philosophie historique de la radio communautaire est de permettre aux “sans voix” de s’exprimer, de servir de porte-parole aux opprimés (qu’il s’agisse d’une oppression raciste, sexiste ou de classe sociale) et, en général, d’offrir un outil de développement.[1]

Selon la définition de l’AMARC, c’est aussi un programme de communication indépendant, souvent à but lucratif, à propriété collective, gérée et soutenue par des gens d’une communauté donnée.

Elle constitue un « troisième pilier » important des médias, aux côtés des médias commerciaux et de service public, et fait partie intégrante d’un secteur des médias sain et pluraliste.[2]

 Son impact sur l’éducation citoyenne et le développement local

La participation des citoyens est un élément clé pour améliorer la bonne gouvernance et la performance des programmes publics.

Les radios communautaires ont un rôle a joué dans le renforcement des capacités de base pour un meilleur engagement citoyen.

Aujourd’hui ce média de proximité joue un rôle important dans la promotion du développement local, à travers les éléments déjà cité en haut. De par sa définition même, on peut dire que c’est un outil qui contribue au développement communautaire. A cet effet le citoyen est au centre des activités de la radio.

D’abord de par la propriété, car la radio est créé par les gens et les associations au niveau local.

Puis de par la participation au niveau des programmes. Ce sont les gens de la communauté qui déroule les programmes de la radio de manière directe ou indirecte. Ça c’est encore la spécificité de la radio communautaire

Ensuite le volet non lucratif, la radio n’a pas pour objet de faire des recettes ou des bénéfices mais elle est orientée vers le développement de la communauté. En offrant en cas d’échange où les différents acteurs peuvent de retrouver autour des préoccupations ou bien des questions qui ont un impact sur leur vécu quotidien.

En tant que canaux alternatifs et complémentaires de production et de diffusion de contenus médiatiques, les médias associatifs facilitent la citoyenneté active.  Beaucoup de webradios décrivent une lassitude et un désintérêt pour la chose publique et préfèrent évoquer des thématiques relatives à l’appropriation concrète des questions locales par l’action citoyenne. [3] Alors, on peut dire que la radio est un outil de développement local, de plus en plus incontournable, de par sa son orientation et les missions qu’elle poursuit.

Les radios communautaires sont réunies au sein d’un réseau national des radios associatives, qui est le forum marocains des alternatives (FMAS)[4], fondé par Mr kamal Lahbib. Le FMAS et ses partenaires ont un rôle de renforcement des radios et leur mise à niveau, face à l’évolution du journalisme citoyen. Ils ont fait un effort énorme pour consolider les acquis au niveau des radios communautaires. ils les soutient et contribuent à leur développement.

De point de vue de la formation, ils mobilisent des ressources sur la base d’un calendrier annuel où ces radios bénéficient de formations, qui sont dispensées à l’attention des animateurs, des réalisateurs et des journalistes, rappelons-le,  sont souvent formés sur le tas.

Tous les pays reconnaissent la valeur des médias associatifs comme source d’information fiable et libre. « Malheureusement, la loi sur l’audiovisuel au Maroc n’accorde le droit d’émettre qu’aux services publics et aux stations privées » explique Mr Mohamed Houzan, responsable de la web radio « Sawt Ouarzazate ».[5]

Les représentants de la société civile à travers leurs projets veillent au maintien ou au développement du pluralisme médiatique en contribuant au renforcement de l’indépendance des médias. Cette pluralité médiatique est un des socles essentiels de la démocratie qui favorise la liberté d’opinion de tous les citoyens en offrant un espace d’expression libre et varié ainsi qu’un accès à un contenu local qui reflètent la diversité des communautés et des cultures.

Dans ce sens, le FMAS intervient pour la reconnaissance juridique de ces radios comme tiers secteur médiatique, en élaborant une stratégie puis une campagne de plaidoyer pour obtenir un cadre législatif et réglementaire pour ces médias. En parallèle, ces radios ont profité du vide juridique sur internet pour diffuser leurs émissions via le web. Par ailleurs, il aide pour la reconnaissance des pouvoirs publics car c’est important aussi que les autorités nationales et surtout locales comprennent le rôle des radios communautaires.

Ces radios répondent à un besoin éducatif et surtout à la promotion de l’éducation. Il y a beaucoup de radios certes mais pas beaucoup de radios qui traitent se la question éducative.  Les responsables de ces radios ont senti le besoin pressant de réunir les acteurs autour d’un cadre où ils peuvent discuter des sujets de notre système éducatif. D’’autant plus qu’il y a beaucoup de de problèmes.

La radio se positionne comme un acteur qui offre vraiment un cadre ou tous les citoyens pouvaient se retrouver pour parler des solutions proposées par rapport à plusieurs problèmes dans le domaine de l’enseignement et d’autres.

Alors aujourd’hui, le volé communautaire est venu se greffer à cette mission scolaire, de plus en plus. Elle accorde de l’importance à des thématiques telles que l’environnement, la santé, la culture et la question d’ordre sociale. C’est devenu incontournable, en prenant en compte les sans voix. Il y a des gens qui se sentent marginalisé par les médias traditionnels, alors la radio communautaire les prend en compte et leur donne la parole pour qu’ils puissent exprimer librement le fond de leur pensée et de leur préoccupation.

L’offre programmatique :

Par rapport à la grille des programmes, 70% des émissions proposée par la radio éducative sont scolaires ou éducatives. Ces des émissions qui ciblent particulièrement les élèves ou bien les étudiants. Par cette programmation, la radio affirme sa vocation originale, qui est un média éducatif.

En plus de cela on peut dire que le reste de nos programmes sont dédiés à la communauté à savoir la prise en charge des communautés linguistiques car ces radios parlent plusieurs langues et dialectes. La radio traite les sujets éducatifs en arabe comme en français pour bien évidement parler du système scolaire puisque l’arabe est notre langue officielle à coté de tamazight. Puis le français en tant que langue d’enseignement.  La radio parle également d’autres langues comme Tamazight et ses trois dialectes. Ces derniers sont valorisés au niveau local, car il y a des communautés qui parlent ces dialectes là et ça valorise leur culture locale. Puisque aussi aime être adressé par leurs langues maternelles.

Pendant la pandémie du Covid 19

En parallèle, plusieurs programmes visent à rendre visible les initiatives des jeunes dans la lutte de la covid 19. Cette pandémie était un moment important dans la vie des radios communautaires en général. Il y avait un arrêt brutal de l’enseignement scolaire. C’est bien qu’il fallait trouver une alternative.

Les responsables de ces radios  ont pensé à des programmes de cours ciblés. Son nom l’indique, la radio invite des professeurs pour dispenser des cours en direct du studio ou via les plateformes numériques de ces radios. Ces cours ciblés sont des cours de quelques minutes, mais qui ciblaient des points importants du programme. Toutes les communautés ont été mobilisées et les professeurs aussi ont intervenu de façon bénévole. Ce qui a permis à beaucoup d’élève d’avoir une alternative par rapport à l’arrêt des cours. Surtout qu’un moment donné personne ne savait plus où aller, il fallait vraiment apporter une capacité de résilience qui permet de faire face à cette situation.

Néanmoins, durant la pandémie du COVID 19, 48 % des ministères de l’éducation ont eu recours à des émissions éducatives radiophoniques pour que les élèves puissent étudier à la maison, la radio étant toujours le média le plus rentable et le plus accessible dans les pays du Sud.[6]

Les programmes de ces radios ont un impact positif sur la population surtout en ce qui concerne la sensibilisation auprès des jeunes et de la population en général sur le danger de la Covid 19. A côté de ces programmes éducatifs, la radio diffuse des émissions sur d’autres sujets, comme la culture, l’art, la santé, l’environnement,…Elle produit régulièrement des émissions de sensibilisation liées à ces sujets.

Défis et contraintes

Ces radios sont confrontés à  beaucoup de défis. Parmi ces défis, le défi de la formation. De nombreuses personnes sont intéressées par la radio mais il faut forcément avoir des compétences. Alors il est important que des entités de formation du pouvoir public accompagnent des radios communautaires dans la formation du personnel, afin d’avoir un personnel qualifié, capable de faire des émissions de qualité. Certes les radios communautaires le fait mais renforcer d’avantages les acquis à ce niveau. Surtout que le faible accès de la radio communautaire aux Tics constitue une autre contrainte majeure.[7]

Le deuxième et dernier point, la viabilité économique de ces radios.  Il y a beaucoup de contraintes à la base. Il faut penser à un modèle économique capable de permettre à ces radios de survivre et encore mieux de se constituer en entreprises sociales qui vont contribuer au développement communautaire.

                                                                                                        FatimaEzzahra YASSINE

[1] AMARC : Association mondiale des radios communautaires. Les radios communautaires elles-mêmes y définissent la RC depuis ses débuts comme une radio « […] contrôlée par la communauté qui en est propriétaire ; caractérisée par la participation de la communauté. […] ». (AMARC Afrique et Panos Afrique Australe : 1998). Cette définition d’une radio « à l’envers » (Damome, 2012) se retrouve chez la plupart des spécialistes du domaine (Al Hassan et al., 2011 ; Dorelli, 2010 ; Sow, 2014, entre autres).

[2] UNESCO. Notes d’orientation sur la viabilité des médias communautaires.2017

[3] Sébastien Nègre, expert indépendant en développement des médias, journaliste radio, (2015). Etat des lieux des webradios au Maroc. Rabat: AZ Editions – Rabat, 2016. Attribution-ShareAlike 3.0 IGO (CC-BY-SA 3.0 IGO). Disponible sure: (http:// creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/igo/).

[4]  Créé en 2003, le FMAS se définit comme une association de défense et de promotion des droits économiques, politiques, sociaux, civiques et culturels des groupes et des individus, sans distinction raciale, ethnique, linguistique ou religieuse. Il a pour vocation de contribuer à ériger un mouvement social démocratique, citoyen fort et autonome.

[5]Entretien téléphonique avec Mr Mohamed Houzan, responsable de la web radio « Sawt Ouarzazate »

[6]MARCELA GUTIERREZ BERNALMARIAMA WURIEMARI SHOJO, (26 AVRIL 2022(. L’instruction interactive par la radio : transformer une réponse d’urgence en solution éducative pérenne. Africa Can End Poverty. https://blogs.worldbank.org/fr/africacan/linstruction-interactive-par-la-radio-transformer-une-reponse-durgence-en-solution

[7] Selon une étude de African Farm Radio Research International How ICTs are changing rural radio in Africa, http://www.farmradio.org/wp-content/uploads/farmradio-ictreport2011.pdf

قد يعجبك ايضا
Loading...